Manuscrits de l'extrême

"Je crois que les mots ne sont pas sans importance. Je crois qu'ils sont notre cirque et notre dignité." Cette citation, tirée du livre Croquis de Jean-Pierre Cescosse, ouvre l'introduction du catalogue de l'exposition Manuscrits de l'extrême.

L'usage des mots dans des situations extrêmes – détention, mission périlleuse, tournant critique, amour passionnel, deuil, aliénation mentale – devient souvent un acte nécessaire. Cependant, il se heurte à l'impasse du langage, à la difficulté d'exprimer et de transmettre les émotions ou les tourments les plus vifs sans les déformer, les amplifier ou les subvertir.

Cet ouvrage présente une centaine de manuscrits touchants, bouleversants et parfois glaçants : les lettres de Sade écrites lors de son emprisonnement à la Bastille, le Livre d'heures de Marie-Antoinette annoté avant son exécution, les notes prises par Victor Hugo sous la dictée des esprits lors de séances de spiritisme, les fragments du Journal de Marie Curie après la mort de Pierre, les dessins des enfants d'Izieu, un billet d'Alice Mangin, arrêtée en 1942, écrit avec son sang, et les derniers mots de Pierre Guyotat alors qu'il sombre dans le coma.

L'ouvrage est organisé en quatre sections :

- Prison : manuscrits écrits dans des conditions de détention (prisons, camps, interrogatoires, isolement, déportation).

- Passion : manuscrits écrits dans des états émotionnels extrêmes (amour passionnel, délire mystique, deuil).

- Péril : manuscrits écrits dans des situations particulièrement périlleuses ou face à un danger de mort imminent (expéditions, veille d'exécution, évasion, aventure incertaine).

- Possession : manuscrits écrits sous emprise, qu'elle soit liée à la prise de psychotropes ou à un état psychique particulier (folie, drogue, délire, transe).